Par la Lumière [pv K'nderas'an'thar]

Elle avait un de ces sourires si carnassiers qu'ils vous glacent le sang. Il n'avait pas vraiment très bien réagi, il fallait en convenir. Il aurait pu l'immobiliser et prendre le temps de penser avant de fuir par un portail. Il ne se serait peut-être pas retrouvé dans cet endroit étrange, trop chaud et sableux, sec comme tout. Mais non… Lui, il fallait qu'il soit pris de terreur devant cette Aes Sedai aux cheveux bruns. Il l'avait reconnue entre milles : elle avait été présente le jour où il aurait du être séparé de la source et qu'il s'était enfui par un portail, comme aujourd'hui. Et cette manière qu'elle avait eue de le regarder, comme s'il était un animal pris au piège … Ils avaient lutté quelques instants, chacun essayant d'emprisonner l'autre dans un écran. Matrim avait finalement réussi, mais un mince écran seulement. Il avait ouvert un portail avec d'autres fils du Saidin, sans prendre le temps de penser à l'endroit où il voulait aller, ni à celui où il se trouvait, et fit un trou dans le Dessein. Il enjamba le portail. Derrière lui, il vit la femme se défaire du lien et tenter de le suivre, mais le portail se referma sur son bras, qui tomba au sol devant lui, parfaitement coupé. Il frémit. Le bras était tombé dans du sable. Il devait être sur une plage. Une énorme plage. Mais quand il s'était tourné, il avait constaté qu'il n'y avait nulle part une trace d'eau.

-Oh, par la Lumière, geint-il.

Le ciel était du bleu le plus bleu qu'il pouvait imaginer, et le soleil était beaucoup plus haut qu'il l'était quand il avait quitté l'Aes Sedai nouvellement amputée. C'était décidément une habitude pour lui de les trancher en deux en s'échappant. Il soupira, tourna un moment sur lui-même, essayant de voir s'il pouvait reconnaître quelque chose. Il ne pourrait pas partir d'ici tant qu'il ne saurait pas à peu près où il se trouvait. Il décida que de marcher ne lui ferait pas de tort.

-Par la lumière, par où est-ce que je vais maintenant ? demanda-t-il à voix haute.

Il vit un nuage de poussière s'élever au loin, un nuage qui avançait vers lui trop rapidement. Il s'entoura d'un écran invisible et solide. Rien ni personne ne lui ferait de mal derrière cela. Il le tissa serré, avec deux mètres de chaque côté de lui, pour être certain de n'être atteint par rien.